Tri Angles - Revenus agricoles Ce que cachent les chiffres
Agreste estime le revenu agricole moyen en 2012 à 36.500 euros. Soit une hausse de 4,3 % par actif par rapport à 2011 (inflation déduite). Mais, ce chiffre cache trois informations majeures et quelques vérités méritent d’être rappelées !
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Ecarts de revenu entre agriculteurs. (© Fotolia) |
Des écarts de revenu importants et grandissants
Les écarts de revenus agricoles sont importants entre productions. En 2012, les statistiques du ministère de l’Agriculture donnent, pour les exploitations professionnelles, un résultat courant avant impôts (Rcai) par actif non salarié allant de 15.300 € en ovins-caprins à 74.400 € en grandes cultures.
Des disparités qui existent aussi au sein de chaque production. Et la dispersion des revenus continue de s’accroître. Selon Agreste, même en retirant les 25 % des revenus les plus faibles et les 25 % des plus élevés, l’étendue des revenus atteignait 33.000 € en 2011. Le plus haut niveau depuis l’an 2000.
Perte de richesse. (© Fotolia) |
La ferme France perd de la richesse
La richesse créée par l’agriculture échappe aux producteurs au moins aussi vite que leur nombre diminue. Bref, le gâteau rétrécit chaque année… mais il y a de moins en moins de monde pour se le partager ! Résultat : une opération à somme nulle. Ou presque.
La diminution du nombre d’exploitants agricoles actifs atténue les baisses de revenus les mauvaises années et amplifie les hausses les bonnes années. Le phénomène de "réduction du gâteau" n’est pas nouveau et date des années 60 : le volume de la production agricole nationale augmente, mais sa valeur faiblit en terme réel. C’est dire si le recul des prix des produits agricoles en monnaie constante est tangible !
Le montant des subventions (8,3 milliards d’euros) est lui constant en nominal, mais régresse en terme réel. Ceci dit, les agriculteurs, moins nombreux, se partagent là quasiment la même somme. Un piètre lot de consolation !
Des prix rémunérateurs. (© Afp) |
Une politique de subventions ne remplace pas des prix rémunérateurs
Composé à 50 % de subventions, le revenu net de la ferme France 2012 (16,1 milliards d’euros) n’est pas suffisant pour assurer un revenu à la fois décent et équitable à l’ensemble des agriculteurs.
En productions ovine et bovine, les soutiens publics sont supérieurs au revenu des éleveurs. Autant dire que la profession ne peut pas vivre sans subventions. Sinon, toute l’agriculture et sa mission première, nourrir la population, seraient remises en cause.
Des prix rémunérateurs garantiraient l’avenir de l’agriculture et de l’élevage. Assise sur les coûts de production pour améliorer les marges, l’augmentation des prix ne serait pas très onéreuse pour le consommateur. Ni pour la chaîne de transformation. Les produits agricoles ne représentent en effet que quelques pour cent du panier de la ménagère. Mais, elle ferait le bonheur des producteurs ! A condition que les intermédiaires n’absorbent pas les marges… Une variation du prix du blé de 100 €/t ne fait grimper le coût de production de la baguette que de 1 à 2 centimes !
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°22
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